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fut nommé censeur du sénat et de l’ordre des chevaliers. Antonin remit enfin les plus hautes dignités de la couronne à des conducteurs de chars, à des comédiens, à des mimes, les plus vils des histrions. Pour peu qu’un de ses esclaves ou de ses affranchis se distinguât par quelque turpitude d’éclat, il l’investissait du gouvernement consulaire d’une des provinces de l’empire.

XX. Tout ce qui autrefois semblait digne de respect se trouvait ainsi livré au mépris et à une sorte de prostitution ; tous les citoyens, et surtout les soldats s’indignaient de pareils excès et ne les souffraient qu’avec peine. Ils témoignaient hautement leur haine pour la personne du prince, quand ils le voyaient farder son visage avec autant de soin qu’une courtisane, se décorer comme une femme de colliers d’or et de robes somptueuses, et danser en présence de tout le peuple. Aussi avaient-ils pour Alexandre des dispositions plus favorables, et plaçaient-ils de meilleures espérances dans un enfant élevé avec tempérance et avec sagesse. Ils veillaient tous sur lui, voyant qu’Antonin l’environnait de toute espèce de piéges.

XXI. Sa mère Mammée ne lui laissait goûter aucune boisson, aucun mets qui lui fut envoyé par l’empereur. Alexandre ne se servait point des cui-