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à son sacerdoce, lui faire prendre le même costume, remplir les mêmes fonctions. Mais sa mère Mammée le détournait de ces actes honteux et peu convenables à un empereur. Elle appelait au contraire en secret des maîtres de toutes sciences, cultivait l’esprit de son fils par des études sévères, l’accoutumait à la palestre et aux exercices virils, et le faisait instruire dans les lettres grecques et latines.

XIX. Cette conduite excitait chez Antonin la plus vive indignation : il se repentit d’avoir adopté Alexandre, d’avoir partagé l’empire avec lui. Il chassa de la cour impériale tous ces professeurs, punit soit par la mort, soit par l’exil, quelques-uns des plus illustres ; il alléguait les motifs les plus ridicules : ces maîtres corrompaient, selon lui, son fils adoptif, en ne lui permettant pas de danser, de se livrer à tous les désordres, en ne songeant qu’à régler sa vie, qu’à l’élever en homme. Il poussa bientôt la démence jusqu’à faire descendre de la scène et des théâtres publics une multitude de comédiens, pour leur confier les charges les plus importantes de l’État. Il mit à la tête des armées un homme qui avait été bateleur et qui dans sa jeunesse avait dansé publiquement sur le théâtre de Rome ; un autre de ces personnages quitta également la scène pour diriger l’éducation et les mœurs de la jeunesse, et