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solennels que nous avons déjà décrits ; puis, montant sur des tours très élevées construites à cette occasion, il jetait au peuple des vases d’or et d’argent, des robes, des étoffes de toute espèce dont chacun était maître de s’emparer ; il faisait distribuer aussi toutes sortes d’animaux privés ou non privés, à l’exception des porcs, car il s’abstenait de cette viande, selon la coutume phénicienne. Beaucoup de citoyens périrent dans cette espèce de pillage, en s’écrasant mutuellement ou en se jetant sur les lances des soldats : aussi la fête devenait-elle un sujet d’infortune pour bien des familles. Antonin ne cessait de se montrer en public conduisant des chars ou dansant ; il ne se souciait nullement de cacher ses vices ; il se peignait les yeux, se fardait les joues, défigurait par des teintures indécentes la beauté naturelle de son visage, et dans cet état s’exposait aux yeux du peuple.

XVII. Moesa, voyant tous ces excès, et soupçonnant que cette conduite de l’empereur devait déplaire aux soldats, craignit que, s’il arrivait au prince quelque malheur, elle ne fût obligée elle-même de reprendre sa vie privée. Elle persuada donc à Antonin, qui joignait à ses vices la légèreté et toute l’imprudence de son âge, d’adopter pour fils et de déclarer César son cousin germain, le fils de Mammée, la seconde fille de Massa. Elle le détermina par d’adroites flatteries : « Il fallait qu’il s’occupât