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de vivre. Il prit pour épouse une femme d’une des premières familles de Rome, lui donna le nom d’Augusta, et peu après, l’ayant répudiée, il lui prescrivit de vivre comme une simple citoyenne, dépouillée de tous ses honneurs. Bientôt (jaloux sans doute de donner une marque de virilité), il feignit d’être pris d’amour pour une jeune prêtresse de Vesta, obligée par les lois religieuses de vivre chaste et de conserver sa virginité jusqu’à la fin de sa vie ; il l’arracha du temple même, de ce saint asile de vierges, et la prit pour seconde épouse. Il informa le sénat de ce nouvel hymen par une lettre où il justifiait ainsi cette impiété et ce grand crime : « Il avait éprouvé une des faiblesses humaines, écrivait-il ; cette jeune fille lui avait inspiré une passion insurmontable ; c’était d’ailleurs une chose convenable et digne de tout respect que le mariage d’un prêtre et d’une prêtresse. » Mais peu après il renvoya encore cette seconde femme, et en épousa une troisième qui descendait de Commode.

XV. Il ne se jouait pas seulement du mariage humain, mais on le vit chercher une épouse pour le dieu dont il était le pontife. Il fit transporter dans sa chambre à coucher la statue de Pallas, que les Romains dans leur adoration cachent et dérobent à tous les yeux. Depuis que cette statue avait été apportée de Troie, on ne l’avait changé de place qu’une fois (lors