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de taureaux et une énorme quantité de brebis ; il plaçait ces victimes sur les autels, que couvraient toute espèce d’aromates et qu’arrosaient de nombreuses amphores des vins les plus précieux et les plus exquis. Aussi voyait-on couler ensemble des fleuves de vin et de sang. Il dansait lui-même autour des autels, aux sons des instruments les plus variés. Des femmes de son pays dansaient avec lui, courant, comme lui, autour des autels, portant dans leurs mains des cymbales et des tambours. Tout le sénat, ainsi que l’ordre des chevaliers, assistait à ce spectacle, rangé en cercle sur une espèce d’amphithéâtre. Ce n’étaient point des esclaves ou des hommes des derniers rangs qui portaient sur leurs tètes dans des vases d’or les entrailles des victimes et les parfums ; c’étaient les chefs de l’armée, les hommes les plus élevés en dignité qui s’acquittaient de ces fonctions, vêtus, selon l’usage phénicien, de tuniques traînantes et à larges manches, portant au milieu du corps une ceinture de pourpre, et chaussés de lin, comme les devins de Phénicie. Antonin semblait faire le plus grand honneur à ceux qu’il admettait ainsi à prendre part à ses sacrifices.

XIV. Mais quoiqu’il parût toujours occupé de sacrifices et de danses, il n’en fit pas moins périr plusieurs illustres et riches citoyens qu’on lui avait dénoncés comme improuvant et raillant sa manière