Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prétoriennes, qui résistaient seules avec courage à tout le reste de l’armée, car c’étaient des hommes d’une haute stature, des soldats d’élite. Toute la masse des troupes combattait pour Antonin. Mais lorsqu’un temps assez long se fut écoulé sans que les soldats de Macrin vissent ce prince ni les insignes impériaux, ils manifestèrent de l’hésitation, de l’incertitude : était-il au nombre des morts ? avait-il pris la fuite ? ils ne savaient à quoi se résoudre eux-mêmes en cette circonstance. Ils ne voulaient plus combattre pour un homme qui avait disparu, et ils rougissaient de se livrer, de se rendre à discrétion comme des esclaves.

IX. Mais dès qu’Antonin fut instruit par des transfuges de l’évasion de Macrin, il leur envoya des messagers pour les informer qu’ils combattaient vainement pour un lâche, pour un fugitif. Il leur promet, sous la foi du serment, leur pardon, l’oubli du passé, et leur propose de devenir ses propres gardes. Ils y consentent, et passent dans ses rangs. Aussitôt il envoie des hommes à la poursuite de Macrin, qui se trouvait déjà fort loin. Ce malheureux fut pris à Chalcédoine, ville de Bithynie, où il s’était arrêté fort malade et accablé par la continuité de sa course. Ceux qui le poursuivaient le surprirent caché dans un faubourg de cette ville, et ils lui tranchèrent la tête. Il avait voulu, dit-on, se rendre à Rome en toute hâte,