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sa vue excitait l’attentive curiosité de tous les spectateurs, et surtout des soldats, qui connaissaient son origine auguste, et qui ne pouvaient détourner les yeux de sa beauté. Il y avait alors près de la ville d’Émésa une armée considérable, qui protégeait la Phénicie, et qui fut plus tard appelée ailleurs ; comme nous le dirons dans la suite de cette histoire. Les soldats, qui allaient souvent à la ville, et qui entraient au temple sous prétexte de remplir un devoir religieux, ne pouvaient se lasser de contempler Bassien. Quelques-uns d’entre eux étaient bannis de Rome, et avaient avec Moesa d’anciennes relations d’amitié. Cette femme, les voyant dans l’admiration de son enfant, leur fit un récit supposé ou véritable : elle leur annonça « que Bassien était fils naturel d’Antonin, quoiqu’il passât pour le fils d’un autre ; qu’Antonin avait eu commerce avec ses filles qui étaient dans l’éclat de la jeunesse et de la beauté à l’époque où elle demeurait elle-même au palais avec sa sœur. » Quand ces hommes eurent reçu cette confidence, ils la répétèrent peu à peu à leurs compagnons, et donnèrent bientôt à ce bruit tant de publicité, qu’il se répandit dans toute l’armée. On ajoutait que Maesa avait des monceaux d’or, et qu’elle les distribuerait sur-le-champ aux soldats, s’ils rendaient le trône à sa race. Les soldats lui promettent enfin qu’ils lui ouvriront les portes du camp, si elle veut s’y rendre de nuit et en secret ; qu’ils la recevront