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plus dissolu ; passionné pour les spectacles de baladins, il passait son temps au milieu des musiciens et des danseurs de toute espèce, et négligeait l’administration des affaires publiques. Il ne se montrait qu’avec des agrafes d’or et une ceinture étincelante de pierres précieuses. Un pareil luxe n’était pas en tende estime auprès des soldats romains, et il leur paraissait mieux convenir à des barbares et à des femmes qu’à un empereur.

Ill. Ils étaient loin d’approuver ce qu’ils voyaient journellement ; ils étaient choqués de cette vie molle, indigne d’un homme de guerre, et lorsqu’à ce luxe ils comparaient dans leurs souvenirs la vie dure et toute militaire d’Antonin, c’est alors surtout qu’ils blâmaient leur nouveau prince. Ils s’indignaient en outre de vivre sous la tente, sur une tette étrangère, manquant souvent des choses nécessaires, et de ne pouvoir retourner dans leur patrie, quoique tout parût en paix, tandis qu’ils voyaient Macrin vivre dans les délices et dans la débauche. Devenus bientôt plus hardis, ils le maudissaient entre eux, et n’attendaient que la moindre cause pour renverser une autorité qui leur était odieuse. Le destin voulut qu’après une année d’un règne perdu au sein des plaisirs, Macrin vit finir à la fois sa vie et son empire. La fortune fournit eux soldats un bien faible et bien léger prétexte d’accomplir leur résolution.