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prince, et lui décerna tous les honneurs souverains : c’était moins la joie de voir Macrin parvenir au trône, qu’une vive et universelle réjouissance de se voir délivrer d’Antonin. Tous croyaient (surtout ceux qui étaient investis de quelque dignité ou de quelque charge publique) qu’une main protectrice avait détourné le glaive suspendu sur leur tête. Les délateurs et tous les esclaves qui avaient dénoncé leurs maîtres furent pendus. Rome entière, et pour ainsi dire tout l’empire romain, purgé de ses malfaiteurs (dont les uns furent mis à mort, les autres exilés, tandis que ceux qui avaient eu le bonheur de rester cachés étaient contenus par la crainte dans le repos), tout l’empire, disons-nous, vécut dans une grande sécurité, et vit reparaître l’image de la liberté antique, pendant la seule année que dura le règne de Macrin. Le tort de ce prince fut de n’avoir point sur-le-champ licencié son armée et renvoyé chaque soldat dans ses foyers, pour se rendre lui-même à Rome, qui était avide de le posséder et dont le peuple ne cessait de l’appeler à grands cris. Mais il restait à Antioche, soignant sa barbe, marchant avec une lenteur affectée, répondant nonchalamment à ceux qui s’adressaient à lui, et se faisant à peine entendre, tant il s’efforçait de parler bas ; il se piquait d’imiter ainsi quelques-unes des manières de Marc-Aurèle, mais il n’imitait point sa conduite. Chaque jour, au contraire, il devenait