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ses flatteurs, il ne regardait comme ses amis devoués et fidèles que les conseillers de crime qui fournissaient des aliments à sa fureur et ne cessaient d’exciter sa colère par des calomnies. Pour moi, j’ai toujours aimé la clémence et la douceur ; grâce à ces immuables principes, cette guerre des Parthes, si importante, et qui a fait chanceler tout l’empire, se trouve enfin terminée. Non-seulement nous avons combattu avec courage, et préservé nos drapeaux de tout désastre ; mais par un heureux traité nous nous sommes unis au grand roi qui était venu avec une immense armée ; nous nous sommes fait un ami fidèle d’un redoutable ennemi. Sous mon empire, la liberté et la vie de tous seront sacrées. C’est une aristocratie, bien plutôt qu’un gouvernement absolu, que j’ai l’intention d’établir. Et qu’on ne reproche pas à la fortune comme un crime, comme une grande erreur, de m’avoir choisi, pour m’élever au trône, parmi les simples chevaliers. A quoi sert la noblesse, sans la bonté, sans l’humanité ? Les dons du sort tombent souvent sur des mortels indignes ; mais la vertu nous donne une gloire qui nous appartient réellement. Une grande naissance, de la fortune, et tous les avantages de cette nature sont décorés du nom de bonheur, mais n’obtiennent point l’estime, parce que nous ne tenons pas ces biens de nous-mêmes. Mais la clémence, mais la bonté attirent l’admiration et la gloire sur celui qui les possède. A quoi vous