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Dans sa Préface, où il expose ses principes de traduction avec un laisser-aller et une légèreté de style sans exemple, il annonce qu’il tâchera de justifier dans ses Remarques les principales libertés qu’il a prises. On vient de voir et on peut juger de quelle manière il s’en acquitte : « Pour les autres libertés moins considérables, ajoute-t-il[1], il faut s’en rapporter à un traducteur. On doit être persuadé qu’on ne chicane point son auteur, et qu’on ne se chicane point soi-même à plaisir ; et je confesse en mon particulier que je suis fort d’humeur à m’épargner toute peine inutile. » C’est dans ce style qui semble une réminiscence des précieuses , et qui tient à la fois des abbés de ruelle et des marquis de Molière que le grave écrivain présente un système de traduction auquel il ne s’est montré que trop fidèle[2].

Je trouve dans l’ouvrage peu connu d’un ingénieux et savant bénédictin de la fin du siècle dernier[3], cette définition naïve de l’art de tra-

  1. L’abbé Mongault, Préface de sa Traduction d’Hérodien.
  2. Voyez notes du livre VII, page 304. Nous y citons encore une curieuse remarque de l’abbé Mongault sur le récit que fait Hérodien de l’assassinat de Vitalien, préfet du prétoire à Rome, par les émissaires de Gordien.
  3. De la traduction considérée comme moyen d’appren-