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moment les parfums et les matières combustibles ont tout embrasé. Aussitôt, du faîte du dernier édifice on voit s’élever avec les flammes, comme des créneaux d’une tour, un aigle qui emporte au ciel, suivant l’opinion commune, l’âme de l’empereur ; dès ce moment l’Olympe compte un Dieu de plus.

IV. Les deux princes, après avoir ainsi rendu hommage à la mémoire de leur père, retournèrent dans leur palais. Aussitôt éclatèrent entre eux la discorde, la haine, les complots. On vit de nouveau chacun d’eux mettre tout en œuvre pour se débarrasser de son frère et occuper le trône sans partage. Ils se disputaient l’attachement de tous les citoyens considérés à Rome par leur rang ou par leur naissance ; chacun de son côté entretenait avec eux des correspondances secrètes et cherchait par la séduction des promesses à les engager dans les intérêts de sa haine. Cependant presque toutes les affections se tournaient vers Géta ; il annonçait de la modération ; il prévenait par la douceur de son abord. Ses goûts étaient nobles ; il aimait à recevoir les hommes distingués par leur mérite ; il se plaisait à la lutte et à tous les exercices généreux. Son caractère doux et aimable l’avait rendu populaire et appelait sur lui la bienveillance et le dévouement du plus grand nombre. Antonin, au contraire, portait partout la rudesse et la dureté de ses mœurs. Il