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grand nombre de combats et d’escarmouches, dans lesquels les Barbares furent toujours mis en déroute ; mais ils avaient une retraite facile, ils se cachaient au fond des bois et des marais. La connaissance qu’ils avaient des lieux rendait la guerre pénible aux Romains et la faisait traîner en longueur.

XLIX. Cependant Sévère, déjà fort âgé, fut attaqué d’une maladie opiniâtre. Il fut obligé de prendre un repos nécessaire, et pressa Antonin de diriger le reste des opérations militaires. Mais celui-ci, se souciant peu de faire la guerre aux Barbares, mit tous ses soins à gagner les soldats, et chercha à les devouer exclusivement à sa cause. Il employait tous les moyens de s’assurer l’empire à lui seul, en décriant son frère ; il voyait même avec chagrin et impatience que leur père fût longtemps malade et tardât à mourir. Il pressait ses médecins et ses officiers de recourir dans le traitement à quelque poison pour l’en délivrer plus tôt. Sévère mourut enfin, de chagrin plutôt que de maladie, après avoir acquis comme guerrier plus de gloire qu’aucun des empereurs. Jamais prince, en effet, ne remporta plus de victoires, soit dans des guerres civiles, soit dans des guerres extérieures. Après un règne de dix-huit ans, il mourut laissant à ses jeunes fils un trône assuré, d’immenses richesses, et une armée invincible.