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l’exposer aux regards de la multitude et aux insultes de ses ennemis. Ainsi finit Plautien, qui avait couronné par la trahison une vie livrée à des passions insatiables.

XLIII. Averti par le danger qu’il avait couru, Sévère partagea entre deux officiers le commandement des cohortes prétoriennes, et depuis ce jour passa la plus grande partie de son temps dans ses maisons de campagne aux environs de Rome et sur les côtes de la Campanie. Il y rendait la justice et s’y occupait des affaires publiques. Il laissait à Rome ses fils, dont l’éducation occupait toutes ses pensées ; mais il les voyait avec peine se livrer au goût des spectacles avec une ardeur peu convenable à leur rang. En outre, la rivalité qui existait dans leurs plaisirs, leurs goûts toujours divers, toujours opposés, nourrissaient entre eux un éloignement mutuel et attisaient le feu de leur haine et de leur animosité. Antonin surtout, qui se voyait délivré de Plautien, était d’un orgueil insupportable ; la crainte seule l’empêchait de se porter ouvertement à des actes de violence ; et il tâchait par mille moyens secrets de se défaire d’une femme qu’il haïssait, comme il avait détesté son père. Mais Sévère la fit partir pour la Sicile avec son frère, et leur assigna un revenu suffisant pour y vivre d’une manière brillante. C’est ainsi qu’Au-