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son ambition et lui faisaient désirer l’empire. Jamais la fortune d’un particulier n’avait égalé la sienne ; il pouvait disposer des troupes, et se voyait révéré de la multitude, qu’éblouissait la pompe qu’il déployait en public. Compté parmi les consuls en second, il portait le laticlave, avait une épée à son côté et d’autres marques d’une haute distinction, qui n’étaient accordées qu’à lui seul. Sa démarche était arrogante et terrible ; personne n’osait l’aborder ; tout le monde au contraire se retirait devant lui ; il était précédé d’esclaves qui enjoignaient aux passants de ne point l’approcher, de ne point même le regarder, mais de s’écarter et de détourner la tête.

XXXVI. Sévère, instruit de cette conduite, était bien loin de l’approuver ; Plautien commença à lui devenir incommode et odieux ; il lui retrancha une partie de sa puissance, et l’engagea à mettre plus de mesure dans ses actions. C’était trop pour Plautien : il voulut renverser l’empereur ; il conspira.

XXXVII. Il avait sous lui un tribun, nommé Saturnin, qui lui témoignait une vénération toute particulière : quoique tout le monde en usât ainsi auprès du favori, cet officier avait trouvé moyen de se distinguer par des flatteries plus empressées. Sûr de sa fidélité, de sa discrétion, et croyant que seul il pouvait exécuter son dessein, il le fait venir un soir