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avait été banni, comme convaincu de complot et de plusieurs crimes. Il était Africain, comme Sévère, et son parent, selon quelques historiens. D’autres prétendent qu’il dut son élévation à la passion infâme qu’avait conçue pour lui l’empereur. Quoi qu’il en soit, Sévère le fit passer de la condition la plus humble au plus haut pouvoir, et l’enrichit des dépouilles qu’il arrachait alors à ses nombreuses victimes. Il aurait partagé l’empire avec Sévère, qu’il n’aurait pas joui d’une autorité plus grande. Mais il en abusait : sa vie était une suite de cruautés et de violences, et aucun des tyrans de cette époque n’inspira plus de terreur. Tel était l’homme dont l’empereur unit la maison à la sienne.

XXXV. Mais Antonin, mécontent de ce mariage, qu’il n’avait conclu que par nécessité, avait de l’éloignement pour son beau-père et pour sa femme : il ne partageait avec elle ni son lit, ni même sa maison. En un mot, il la détestait, et la menaçait chaque jour de la faire périr, elle et son père, dès qu’il serait seul maître de l’empire. La jeune princesse allait tout rapporter à Plautien, et l’exasperait par ses justes plaintes. Plautien, voyant que Sévère était vieux et toujours malade, connaissant l’audace et la violence du jeune Antonin et redoutant ses menaces, aima mieux par un coup de désespoir en prévenir l’effet que l’attendre. D’autres motifs d’ailleurs nourrissaient