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la série de ces traducteurs incolores, dont la prose sans mouvement et sans vie fut à la langue de Fénelon ce que la poésie de Campistron fut à la poésie de Racine. Dans le langage incorrect et rude de Bois-Guillebert, il y a au moins une certaine énergie, un certain relief, où revit de temps à autre l’aspect du modèle. Mongault a tout effacé. C’est un de ces traducteurs qu’on a longtemps appelés élégants, auxquels la plupart des biographes conservent ce titre traditionnellement et de confiance, mais qui sont mis aujourd’hui à leur véritable place par ceux qui les lisent. Son plus grand défaut n’est pas l’infidélité ; mais il travestit constamment à la française l’écrivain grec, et il justifie son système de traduction dans une préface et dans des remarques qui sont un curieux monument de la critique et de l’esprit littéraires du temps. Citons-en quelques exemples.

En parlant de Festus, l’affranchi favori de Caracalla et son secrétaire, Hérodien dit : « Le préposé aux souvenirs de l’empereur[1]. » Mongault traduit : « Qui tenait l’agenda du prince. » Il est vrai qu’à la même époque,

  1. Τής δε βασιλείου μνήμης προεστώς. Livre IV, ch. xiv.