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fût maître de se venger d’eux, par la mort de leurs enfants.

V. Cependant, défaits près de Cyzique, les soldats de Niger tâchaient d’échapper au vainqueur par la plus prompte fuite. Les uns longeaient les montagnes de l’Arménie ; les autres traversaient en toute hâte la Cilicie et la Galatie pour franchir le mont Taurus et se retirer derrière ses retranchements. Quant à Sévère, il se dirigea avec son armée par le territoire de Cyzique vers la Bithynie, pays voisin.

VI. Dès que la nouvelle de sa victoire se fut répandue, on vit éclater parmi les peuples et les différentes villes de ces contrées des troubles soudains et de violentes discordes, qui prirent naissance, moins dans les dispositions diverses des chefs, que dans l’envie et la jalousie que ces villes se portaient l’une à l’autre, rivalité funeste et qui cause la ruine des nations. Ce fut là l’ancienne maladie des Grecs, qui, toujours livrés à de mutuelles dissensions, désirant toujours renverser tout ce qui semblait dominer au milieu d’eux, ont peu à peu détruit leur patrie : accablée à la fois par la vieillesse et par des déchirements intérieurs, la Grèce devint une proie facile à l’invasion des Macédoniens, et plus tard au despotisme de Rome. Nous avons vu de notre temps ce fléau de la rivalité et de l’envie attaquer encore de florissantes cités.