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dans l’enfance. » Le trop confiant Albinus accepta l’honneur qu’on lui offrait, joyeux d’obtenir sans combats et sans péril cet empire, l’objet de ses vœux.

XLIX. Sévère, pour mieux tromper sa crédulité, communiqua au sénat la résolution qu’il avait prise, fit battre monnaie à l’effigie d’Albinus, lui érigea des statues, et en lui prodiguant des honneurs de toute espèce, lui inspira une confiance entière dans ses intentions. Quand par ces prudentes manœuvres il se fut ainsi rassuré sur Albinus et sur la Bretagne, quand il eut réuni autour de lui toute l’armée d’Illyrie, et préparé tout ce qui pouvait servir à ses succès, il marcha contre Niger. Plusieurs historiens ont fidèlement rapporté les diverses stations qu’il fit dans sa route, les discours qu’il prononça à son entrée dans chaque ville, les signes divins qui apparurent fréquemment sur son passage, les vastes régions qu’il traversa, les batailles qu’il livra, et jusqu’au nombre des morts de part et d’autre. Ces détails ont surtout occupé les poëtes, dont la muse féconde a trouvé dans la vie de Sévère le sujet d’un poëme entier. Mais, pour moi, le but que je me suis proposé, c’est de réunir dans un seul tableau les faits importants dont j’ai été le témoin sous le règne de plusieurs princes et dans une période de soixante-dix ans. Je continuerai donc de décrire sommaire-