Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des soldats lui arrachent d’éloquentes paroles. Quand il montre Didius Julianus conduit au palais par les prétoriens qui lui ont vendu l’empire, au milieu du silence du peuple qui se contente de l’injurier de loin, il ajoute : « C’est à cette époque surtout que commença la corruption des soldats. Depuis ce temps, ils montrèrent une insatiable et hideuse cupidité, et affichèrent le plus grand mépris pour le souverain. Ils avaient vu triompher leur audace et Pertinax mourir sans vengeur ; l’empire avait été mis à l’encan, et acheté sans que personne s’opposât à une pareille infamie ; cette impunité les encouragea, fit naître leurs honteux excès et fomenta leur indiscipline[1]. » Ailleurs, quand Septime Sévère, traversant la Pannonie, arrive aux frontières de l’Italie pour s’emparer de l’empire : « La vue d’une si nombreuse armée, dit l’historien, épouvante les villes d’Italie. Les habitants de cette contrée, depuis longtemps étrangers à la guerre et aux armes, ne songeaient plus qu’à cultiver en paix leurs champs. Du temps de la république, lorsque le sénat nommait les généraux, tous les habi-

  1. Livre II, ch. xxiv, page 66.