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XXXIV. Lorsqu’on eut reçu la nouvelle de l’avénement de Pertinax au trône, Sévère, après s’être rendu au temple pour y sacrifier, et prêter serment de fidélité à la puissance du nouvel empereur, rentra le soir dans sa maison, et s’endormit presque aussitôt. 11 rêva qu’il était à Rome : il vit un grand et superbe cheval, magnifiquement caparaçonné, qui portait Pertinax à travers la Voie sacrée. Arrivé à l’entrée du forum, où le peuple, du temps de la république, se rassemblait pour délibérer, ce cheval, par une secousse violente, renversa Pertinax, vint s’offrir à lui, Sévère, qui se trouvait près de cet endroit, et sembla l’inviter, en se courbant, à prendre la place de l’empereur. Il monta le cheval, qui, docile à son nouveau maître, le conduisit au milieu du forum, l’offrant aux regards et à la vénération de la multitude. La statue équestre d’airain, élevée, pour représenter ce songe, au forum même et dans des proportions colossales, subsiste encore de nos jours.

XXXV. Le souvenir de ce rêve exalta les espérances de Sévère ; il crut que la volonté des dieux l’appelait au trône, et il voulut sonder les dispositions de ses troupes. Il commença par attirer auprès de lui quelques préfets militaires, quelques tribuns et même de simples soldats, respectés dans leurs corps : il s’entretenait avec eux des affaires de l’État ; il déplorait l’abaissement de l’empire ; il se plaignait de ce