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de Gordien III et de Philippe jusqu’à l’empereur Dèce (l’an de J.-C. 249), et qu’elle n’est point parvenue jusqu’à nous ; s’il n’était plus naturel de penser qu’il s’en est tenu au terme qu’il s’était primitivement assigné, ou que la mort l’a empêché de poursuivre. Il ne s’agit, du reste, que de deux règnes peu importants (le second surtout), et n’embrassant qu’un espace de onze années.

Hérodien commence ses récits à la mort de Marc-Aurèle. L’éclat de cette vertu si pure, de cette noble vie, de ce beau caractère, illumine les premières pages de son histoire, qui n’offrira plus guère ensuite qu’un triste tableau de dégradation et d’abaissement. Il est, en général, sobre de réflexions ; mais son récit est animé, coloré ; c’est un narrateur et un peintre, plutôt qu’un historien dans l’acception philosophique du mot. On voit cependant que des sentiments généreux l’inspirent, et il flétrit avec une noble indépendance les honteux excès des princes dont il nous raconte la vie. Il semble comprendre que la douloureuse vérité qui ressort de ses récits s’y manifeste assez d’elle-même, sans qu’il soit nécessaire d’y arrêter la pensée de ses lecteurs. Quelquefois cependant la décadence de l’empire, l’avilissement du peuple romain, la basse avidité