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auguste et empereur. D’abord il voulut refuser ces titres comme trop exposés à l’envie ; il objecta sa vieillesse ; il supplia le sénat de se rendre à ses désirs : « à combien de patriciens l’empire ne convenait-il pas mieux qu’à lui ? » et en même temps il prit par la main Glabrion, l’attira vers lui, et voulut le forcer de s’asseoir à la place réservée aux empereurs. Glabrion était le plus noble de tous les patriciens, il faisait remonter son origine jusqu’à Énée, fils de Vénus et d’Anchise ; il était alors pour la seconde fois consul. Il dit à Pertinax : « Moi, que vous jugez le plus digne de l’empire, je vous le cède ; le sénat tout entier vous décerne, ainsi que moi, la souveraine puissance. » Tous l’entourent aussitôt, le pressent, lui font presque violence ; il hésite longtemps ; vaincu enfin, il s’assied sur le siége impérial, et parle en ces termes :

XI. « Votre unanime assentiment, l’ardeur avec la quelle vous m’avez choisi de préférence à tant d’illustres patriciens qui siégent au milieu de vous, repoussent tout soupçon de flatterie, et ne peuvent être regardés que comme un témoignage public de votre bienveillance et de votre estime. Un autre, peut-être, encouragé par votre conduite, saisirait avec confiance et empressement l’empire qui lui serait offert, et espérerait trouver dans la royauté une tâche facile, en trouvant tant de bienveillance dans ceux qu’il serait appelé