Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

âge, par l’intégrité de ses mœurs, par sa conduite et par ses talents : vétérans, vous avez fait plus d’une fois l’épreuve de ses vertus militaires ; et vous, jeunes soldats, vous avez honoré, admiré même ses vertus civiles, pendant les longues années où il fut préfet de Rome. Ce n’est pas seulement un empereur que nous offre le destin, c’est un bienfaiteur, c’est un père. Son élection ne sera pas agréable à vous seuls ; mais vos compagnons d’armes qui sont campés sur les rives des fleuves, et défendent les frontières de l’empire, pendant que vous gardez nos murs, applaudiront, comme vous, au choix d’un prince dont ils n’ont pas oublié les exploits. Nous n’aurons plus besoin désormais d’acheter des barbares une paix déshonorante ; mais ils se souviendront des défaites que leur fit essuyer Pertinax ; et la crainte nous les soumettra. »

VIII. Lætus avait à peine cessé de parler, que le peuple, sans pouvoir se contenir davantage, pendant que les soldats montrent encore du doute et de l’hésitation, salue Pertinax du nom d’Auguste, l’appelle père de la patrie, et lui prodigue par acclamation les titres les plus glorieux. Bientôt les soldats le proclament également empereur, non pas avec le même enthousiasme, mais plutôt entraînés et contraints par ce peuple immense qui les environnait de toutes parts. En petit nombre et sans armes à cause de la fête, ils cé-