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tions de grâces. La haine publique s’exhale dans les termes les plus variés : le tyran n’est plus, dit l’un ; le gladiateur est mort, dit l’autre ; quelques-uns même donnent à Commode des noms plus honteux encore. Longtemps étouffée par la crainte, la voix du peuple se déchaîne enfin en toute liberté. La plu part des citoyens se dirigèrent vers le camp d’un pas rapide, dans la crainte que les soldats ne fussent mal disposés en faveur de Pertinax. Ils pensaient qu’un prince sage et modéré serait peut-être mal accueilli par des hommes accoutumés à servir la tyrannie, qui assurait l’impunité à leurs rapines et à leurs violences. Aussi le peuple accourut-il au camp de toutes parts pour vaincre une résistance qu’il appréhendait. Il s’y trouvait réuni, lorsque Lætus et Electus y entrèrent, conduisant avec eux Pertinax. Lætus convoque les soldats et les harangue en ces termes :

VII. « Commode, notre empereur, a été frappé d’apoplexie. Sa mort ne doit être reprochée qu’à lui seul. Malgré nos salutaires avis, ne cessant de se livrer à des débauches que vous connaissez tous, il est mort suffoqué, victime de son intempérance. Cette fin lui était réservée par le destin : car tous les hommes ne marchent pas à la mort par les mêmes voies, quoique toutes conduisent au même but. Pour succéder à Commode, nous vous présentons, nous et le peuple romain, un homme vénérable par son