Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

foi à nos paroles, dit Electus, prenez ces tablettes (la main de Commode vous est connue) ; lisez. Cet écrit vous apprendra à quel péril nous avons échappé ; vous ne nous supposerez plus d’intentions perfides ; vous croirez à la sincérité de nos paroles. » Pertinax jeta les yeux sur les tablettes, il revint aussitôt de sa méfiance ; il songea que Lætus et Electus lui avaient toujours été attachés ; et quand il eut appris tous les détails de l’événement, il leur abandonna sa personne. On résolut de se rendre à l’instant auprès des soldats, pour sonder leurs dispositions. Lætus, à qui sa charge donnait quelque influence sur leur esprit, promettait de les gagner facilement. Ils marchent tous ensemble vers le camp. Déjà une grande partie de la nuit s’était écoulée ; la fête allait commencer ; tout fut terminé avant le jour. Ils avaient répandu dans Rome plusieurs de leurs affidés, qui publièrent par tout que Commode était mort, que Pertinax lui succéderait, et qu’il allait se faire reconnaître des soldats.

VI. À ce bruit, le peuple entier, comme dans l’ivresse, se livre soudain aux plus bruyants transports de joie ; les citoyens courent çà et là ; ils s’empressent d’annoncer cette heureuse nouvelle à tous leurs amis ; surtout à ceux qui par leur rang ou leur fortune, avaient tout à craindre du tyran. On va dans le temple, au pied des autels, rendre aux dieux des ac-