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qu’aucune altération ne se manifesta sur ses traits. A la vue de Lætus et d’Electus, qu’il croyait envoyés pour le faire périr, il leur dit avec un maintien calme et assuré : « Depuis longtemps je m’attendais chaque nuit à cette mort : de tous les amis de Marc-Aurèle, le seul épargné jusqu’ici par Commode, je m’étonnais qu’il tardât si longtemps à me frapper. Qu’attendez-vous donc ? remplissez votre sanglante mission, délivrez-moi d’une vie toujours partagée entre l’espoir et la crainte. » « Cessez, répondit Lætus, un discours indigne de vous et de votre vie passée. Ce n’est point pour attenter à vos jours que nous venons ici ; c’est pour implorer de vous notre salut et celui de l’empire romain. Le tyran n’est plus ; il a subi le juste châtiment de ses crimes ; il a subi la mort qu’il nous réservait. Nous vous apportons l’empire ; nous connaissons l’autorité dont vous jouissez dans le sénat, pour la pureté de vos mœurs, la dignité de votre caractère, la gravité de votre âge et de votre vie. Nous connaissons l’amour et le respect que le peuple entier vous porte, et nous sommes persuadés qu’où nous trouverons notre sûreté, il trouvera lui-même l’accomplissement de ses vœux. »

V. « Ne vous jouez pas ainsi d’un vieillard, dit à son tour Pertinax. Me croyez-vous si timide, qu’il faille me tromper, et me déguiser la mort, en me l’apportant ? — Puisque vous refusez d’ajouter