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avant de la publier, ils résolurent de choisir un homme vertueux et âgé, dont l’élévation à l’empire assurât à eux-mêmes leur salut, et permît au peuple de respirer après une si violente et si cruelle oppression. Leur délibération fut longue, et leur choix s’arrêta enfin sur Pertinax.

III. Pertinax, Italien d’origine, s’était distingué par ses vertus civiles et militaires ; il avait triomphé plusieurs fois des Germains et des Barbares de l’Orient. C’était le seul des illustres amis de Marc-Aurèle qui survécût encore : Commode l’avait épargné, soit par respect pour l’autorité dont l’entouraient ses vertus, soit par mépris pour sa pauvreté. Car c’était là un de ses plus beaux titres à l’estime : Pertinax, qui avait exercé plus d’emplois qu’aucun autre citoyen, était aussi le plus pauvre de tous.

IV. Au milieu de la nuit, pendant que tout est livré au sommeil, Lætus et Electus, suivis d’un petit nombre de leurs affidés, se rendent à la demeure de Pertinax. Ils en trouvent les portes fermées, et éveillent le portier. Celui-ci ouvre aussitôt ; il voit des soldats, il reconnaît Lætus, le préfet des gardes prétoriennes ; troublé, épouvanté, il court prévenir Pertinax qui lui ordonne de les introduire : « il allait, disait-il, recevoir une mort qu’il attendait chaque jour. » Telle était sa fermeté d’âme, qu’il ne se leva point de son lit,