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ceux de Laetus et d’Electus, et enfin une foule de sénateurs les plus distingués de leur ordre. Il voulait se défaire de tous les anciens amis de son père qui survivaient encore ; ces vertueux et rigides témoins de sa conduite lui étaient devenus insupportables. Il avait résolu de partager les richesses des condamnés aux soldats et aux gladiateurs, pour garantir à la fois la sûreté de sa personne et la continuité de ses plaisirs.

LIII. Quand il eut écrit ces noms, il posa les tablettes sur son lit, ne se doutant pas qu’on dût pénétrer dans son appartement. Il avait à sa cour un de ces petits enfants qu’on laisse nus, couverts d’or et de pierreries, et que les Romains voluptueux élèvent près de leur personne. Commode chérissait cet enfant et le faisait appeler Philo-Commode, pour indiquer par ce nom la passion qu’il lui inspirait. Pendant que l’empereur était au bain et se livrait à ses débauches, l’enfant, qui parcourait en jouant le palais, entra, selon son habitude, dans la chambre du prince. Il vit les tablettes sur le chevet du lit, les prit pour jouer et sortit. Marcia, par un bonheur surnaturel, le rencontra. Elle embrasse et caresse l’enfant, qu’elle aimait aussi, et lui enlève des mains les tablettes, craignant qu’avec l’étourderie de son âge il ne détruisit quelque papier peut-être important. Elle reconnaît la main de Commode, et