Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
une âme à la mer

J’étais certaine de moins souffrir, et je savais qu’ils seraient le reflet même de ma volonté et de mon cœur.

Lorsque j’aperçois une Aile de loin, avec mon petit pavillon bleu et blanc qui palpite dans le ciel, je serre la main de mon fils et lui dis : « Regarde, la voilà ». Et, comme aujourd’hui nos pas ne nous conduisent pas à elle, je lui envoie un baiser de loin.

Que m’importe si tous les autres bateaux sont en bois, et cachent leurs sentiments dans un cœur introuvable ?

Tant pis pour ceux-là, qui n’auront pas compris.

Quand j’arrive à mon bord, je retrouve toutes les aspirations que je lui avais confiées. Que m’importe de comprendre, d’analyser : je sais, car je sens !

« Ailée » est mon propre reflet sur l’eau.

Elle dort en double en se reflétant.

Lorsque je me penche sur l’eau, je vois mon propre visage défait et adouci qui me sourit en tremblant tristement, car la brise et l’eau et moi, nous vivons.