Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pect troublé les courbait qu’inspire aux Indiens la décoction d’herbes cueillies par une nuit de pleine lune, au-dessus de laquelle le guérisseur de la tribu a récité les formules magiques.

Maria questionna d’une voix hésitante :

— C’est-il bien aux rognons qu’elle a mal, seulement ?

— D’après ce que Tit’Bé m’avait dit, j’avais pensé que c’était ça.

Le père Chapdelaine fit un geste évasif.

— Elle s’est forcée en levant la poche de fleur, qu’elle dit, et maintenant voilà qu’elle a mal dans tout le corps. On ne peut pas savoir…

— La gazette qui partait de ce remède-là, reprit Eutrope Gagnon, disait comme ça que quand le monde tombait malade et pâtissait, c’était à cause des rognons, toujours ; et pour les rognons ces pilules-là, c’est extra. La gazette le disait, et mon frère aussi.

— Quand même ça ne serait pas pour ce mal-là tout à fait, dit Tit’Bé d’un air de respect, c’est un remède de toujours…

— Elle pâtit, c’est sûr : on ne peut pas la laisser comme ça.

Ils s’approchèrent du lit où la malade gémissait et respirait bruyamment, tentant par intervalles des mouvements légers que suivaient des plaintes plus aiguës.

— Eutrope t’a apporté un remède, Laura.