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ordinaire ; mais quand elle eut préparé la pâte pour les crêpes, la peine la terrassa et elle dut s’allonger de nouveau. Près du lit elle s’arrêta un instant, se tenant les reins des deux mains et s’assura que la besogne du jour serait faite.

— Tu donneras à manger aux hommes, Maria. Et ton père t’aidera à tirer les vaches si tu veux. Je ne suis bonne à rien ce matin.

— C’est bon, sa mère ; c’est bon, répondit Maria. Reposez-vous tranquillement ; nous n’aurons pas de misère.

Pendant deux jours elle resta couchée, surveillant de son lit toute la vie domestique, donnant des conseils.

— Tourmente-toi point, lui répétait son mari sans cesse. Il n’y a quasiment rien à faire dans la maison à part de l’ordinaire, et pour ça Maria est bien capable, et pour le reste aussi, batêche ! Elle n’est plus une petite fille à cette heure : elle est aussi capable comme toi. Reste sans bouger, ben à l’aise, au lieu de « bardasser » tout le temps entre les couvertes et d’empirer ton mal.

Le troisième jour elle cessa de penser aux soins du ménage et commença à se lamenter.

— Oh ! mon Dou ! gémissait-elle. J’ai mal dans tout le corps et la tête me brûle. Je vas mourir !

Le père Chapdelaine essaya de la réconforter en plaisantant.