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MARIA CHAPDELAINE
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rêta et que le vent du nord-ouest recommença à souffler, l’automne était venu.

L’automne… Il semblait que le printemps ne fût que d’hier. Le grain n’était pas encore mûr, bien que jauni par la sécheresse ; seuls les foins étaient en grange ; toutes les autres récoltes achevaient seulement d’extraire leur substance du sol chauffé par le trop court été, et déjà l’automne était là, annonçant le retour de l’inexorable hiver, le froid, bientôt la neige…

Alternant avec les jours de pluie, vinrent encore de beaux jours clairs et chauds vers le midi, où l’on pouvait croire que rien n’était changé : la moisson encore sur pied, le décor éternel des bois d’épinettes et de sapins, et toujours les mêmes couchants mauve et gris, orange et mauve, les mêmes cieux pâles au-dessus de la campagne sombre… Seulement l’herbe commença à se montrer, au matin, blanche de givre, et presque de suite les premières gelées sèches vinrent, qui brûlèrent et noircirent les feuilles des plants de pommes de terre.


Edwige Légaré s’était attaqué seul à une souche.


Puis la première pellicule de glace fit son apparition sur un abreuvoir ; fondue à la chaleur de l’après-midi, elle revint quelques jours plus tard, et une troisième fois la même semaine. Les sautes de vent incessantes continuaient bien à faire alterner les journées tièdes de pluie avec ces matins de gel ; mais chaque fois que le nord-ouest reprenait, il était un