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VI


En juillet les foins avaient commencé à mûrir, et quand le milieu d’août vint, il ne restait plus qu’à attendre une période de sécheresse pour les couper et les mettre en grange. Mais après plusieurs semaines de beau temps continu, les sautes de vent fréquentes, qui sont de règle dans la plus grande partie de la province de Québec, avaient repris.

Chaque matin les hommes examinaient le ciel et tenaient conseil.

— Le vent tourne au sudet. Blasphème ! Il va mouiller encore, c’est clair, disait Edwige Légaré d’un air sombre.

Ou bien le père Chapdelaine examinait longuement les nuages blancs qui surgissaient l’un après l’autre au-dessus des arbres sombres, traversaient joyeusement la clairière et disparaissaient derrière les cimes de l’autre côté.

— Si le norouâ tient jusqu’à demain, on pourra commencer, prononça-t-il.

Mais le lendemain le vent avait encore changé, et il semblait que les nuages allègres de la