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PUGILISTE

fraient aussi ; des hommes se disaient à eux-mêmes à mi-voix : « C’est la fin ! » et déjà accordaient au champion blanc les louanges ternes qu’on donne aux vaincus. « Il s’est bien défendu. — C’est un novice, voyez-vous ; il fera mieux la prochaine fois. »

Dans le ring, Pat qui commençait à chanceler, pris de vertige, les yeux creux, des rides aux coins des lèvres, des trous d’ombre sous les pommettes, n’avait pas encore songé une fois à la défaite. Seulement il s’enrageait de ne pas pouvoir faire mal à ce nègre, et les os cassés de sa main droite, écrasés sous les bandelettes serrées qui lui entouraient les doigts et la paume, lui faisaient mal jusqu’à l’épaule.

Au cours du onzième round Sam Langdon crut le moment venu, et chargea. Ses poings de métal martelèrent le corps de Pat, le forcèrent à baisser sa garde, et dès que le nègre vit l’ouverture faite il se tordit sur ses hanches deux fois, avec un « Han ! » de bûcheron, mettant tout le balan de son corps et toute la détente