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PRÉFACE

des Deux-Nièvres, accomplissait machinalement son labeur minutieux et futile, mais du soir au matin, il n’y avait plus qu’un garçon qui venait de redécouvrir le patrimoine laissé intact par cent générations et s’émerveillait d’avoir pu se passer si longtemps de son héritage.

Le dénouement de cette histoire se trouve rapporté, non sans commentaires, dans la chronique scandaleuse de Pont-sur-Nièvre. Il eut pour décor le jardin de la Préfecture, et les figurants comprenaient l’élite de la société locale. Les hommes sérieux, notables et fonctionnaires, s’étaient réunis en groupe, loin du tennis et des toilettes claires, autour de celui qui présidait aux destinées du département. Il laissait tomber une à une, dans le silence respectueux, des paroles profondes et définitives — tirées d’un journal du matin — et ses auditeurs, songeant aux petits fours, l’écoutaient avec des moues graves. Le Secrétaire particulier, assis sur une table de fer, balançait ses jambes au-dessus de la tête de Jérôme, qui, couché à terre, fixait sur le Préfet ses yeux jaunes et bâillait insolemment.

Le Préfet, n’ayant plus d’idées, annonça, pour remplir un silence, que M. Jean Grébault allait le quitter. Alors un haut fonctionnaire des Finances, apoplectique et décharné, prévint le jeune homme avec solennité qu’il s’en repentirait quelque jour et se souviendrait avec regret, plus tard, du temps qu’il avait consacré à un labeur utile à la République, adouci par la bienveillance intelligente de ses chefs et l’accueil