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(comme tout ce qu’il a publié juſqu’ici en proſe) ſans jugement, ſans ſoin, ſans ſuite, ſans ſtyle, & que toutes ſes petites objections ſoient dépourvûës de lumières & de bon ſens, je répondrois peut-être à ce qui concerne le Littéraire ; ſ’il ne ſ’étoit tout-à-fait rendu indigne de cet honneur, par l’inſolence de ſa plume ; D’ailleurs, comment raiſonner avec un homme, à qui l’orguëil & la rage tienne lieu de raiſon ?

Un Écrivain un peu ſenſé ſe ſeroit-il livré de pareils excès ? Quand M. L’Abbé D. F. ſeroit tel, qu’il a l’audace de le dépeindre, s’enſuivra-t’il que Voltaire est un honnête-homme, & un grand Auteur ? Paſſera-t’il moins chez tous les connoiſſeurs pour ignorer abſolument le Théatre, où il n’a-jamais été applaudi, que pour la vaine harmonie de ſes pompeuſes tirades, & pour sa hardieſſe ſatyrique ou irréligieuſe.[1] Sa

  1. V. avouë au commencement de ſon Epître à Madame du Châtelet qui est à la tête de ſon Alzire, que cette Pièce eſt un de ces Ouvrages de Poëſie, qui n’ont qu’un tems, qui doivent leur mérite à la faveur paſſagere du Public, & à l’illuſion du Théatre, pour tomber enſuite dans la foule & l’obſcurité. V. annonce ici lui-même le ſort de tous ſes Ouvrages. On ne dit rien de ſon Plagiat ſcholaſtîque & continuel : on ſçait que ſes plus beaux habits sont de friperie.