Page:Guyau - La Morale anglaise contemporaine.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE lV

L’ORGANISME MORAL ET L’INSTINCT MORAL

PRINCIPES DE L OBLIGATION D’APRÈS MM. DARWIN ET SPENCER

I. — Le SENS MORAL et l’hallucination. — Retour de l’utilitarisme au « sens moral », résidant dans un véritable organe moral, produit par les traces que laissent dans l’organisme les habitudes héréditaires. — Théorie de Darwin et de Spencer. — Réduction du sentiment moral à une hallucination ou obsession. — Comment Darwin et Spencer entreprennent néanmoins de fortifier et de développer le sentiment moral pour en faire un moyen de contrainte intérieure et remplacer ainsi « l’obligation morale » des kantiens. — Etude psychologique et physiologique de l’influence exercée par la cons- cience et par la volonté sur les hallucinations. — 1o Hallucinations inconscientes. — 2o Hallucinations conscientes. — Dans quelle ca- tégorie rentrent les sentiments moraux, tels que le remords. — La conscience de leur caractère illusoire pourra-t-elle 1o les affaiblir, 2o les détruire et nous guérir ainsi de la moralité.

II. — L’INSTINCT MORAL et son organe. — La conscience ne pourrait- elle supprimer l’organe moral lui-même et l’instinct dont il est le siège. — Théorie de Darwin sur les instincts. — Comment l’intel- ligence, en aidant l’instinct, le détruit peu à peu et le remplace. — Raisons de ce fait. — Application à l’instinct moral. — Effet de la réflexion sur cet instinct. Comment elle lui enlève sa nécessité. — Comment l’utilitaire conscient de son instinct moral pourra s’en débarrasser, laissant aux autres le soin de sauvegarder la société. — Confirmation de la théorie par les faits de l’histoire naturelle. — Les fourmis paresseuses. — Observations recueillies dans les prisons. La sociologie et la psychologie n’ont pu suffire à l’école anglaise ; elle va faire appel dans ses infatigables évolutions à d’autres sciences : la physiologie et l’histoire naturelle.