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l’art au point de vue sociologique.

Je ne résiste plus à tout ce qui m’arrive Par votre volonté.

L’âme, de deuils en deuils, l’homme de rive en rive, Roule à l’éternité.

Peut-être en ce moment, du fond des nuits funèbres, Montant vers nous, gonflant ses vagues de ténèbres, Et ses flots de rayons,

Le muet Infini, sombre mer ignorée, Roule vers notre ciel une grande marée De constellations !

La carrure mélodique des phrases de musique se retrouve dans les strophes. Voici des phrases carrées à quatre membres :

Car personne ici-bas ne termine et n’achève : Les pires des humains sont comme les meilleurs ; Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve, Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs[1]. Il y a même, souvent, symétrie des premier et dernier vers :

Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages ! Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas ! Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages ! Ceux que vous oubliez ne vous oubliront pas[2]. Oiseaux aux cris joyeux, vague aux jilainles profondes ; Froid lézard des vieux murs dans les pierres tapi ; Plaines qui répandez vos souffles sur les ondes ! Mer où la perle éclot, terre où germe l’épi ; Natui’e d’où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose effleurer, Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer ! Tous les rythmes des strophes poétiques sont en germe dans les périodes, ou dans les successions d’images dont les grands prosateurs offrent des exemples ; les membres de phrase sont équilibrés et symétriques, comme des vers blancs. Déjà, chez Rabelais, la chose est sensible :

  1. Les Rayons et les Ombres (Tristesse d’Olympio).
  2. Tristesse d’Olympio.