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l’art au point de vue sociologique.

du cœur et que la pensée rejette au nom de tout ce que nous savons sur les inllexibles lois de la nature, l’amant se console de l’éternité qu’il perd par l’immensité présente de son amour :


Quand la mort serait là, quand l’attache invisible
Soudain se délierait, qui nous retient encor,
Et quand je sentirais dans une angoisse horrible
           M’échapper mon trésor.

Je ne faiblirais pas ; fort de ma douleur même.
Tout entier à l’adieu qui va nous séparer,
J’aurais assez d’amour en cet instant suprême
           Pour ne rien espérer.


Mme Ackermann a trouvé de beaux vers pour traduire certaines idées de Schopenhauer et de Darwin. Son Prométhée déclame trop, mais il a parfois des accents qui touchent :


Celui qui pouvait tout a voulu la douleur !


Comme le Qaïn de Leconte de Lisle, ce Prométhée attend son vengeur, qui sera encore la science : l’homme, devenu savant, cessera de trembler devant Dieu :


Las de le trouver sourd, il croira le ciel vide.
.................
Il ne découvrira dans l’univers sans borne
Pour tout dieu désormais qu’un couple aveugle et morne :
           La force et le hasard.


Pascal est une sorte de Prométhée qui s’est soumis, immolé, et qui a honte même d’aimer une femme, une « inconnue », dont les hommes ont à peine « murmuré le nom : »


L’image fugitive à peine se dessine ;
C’est un fantôme, une ombre, et la forme divine,
En passant dçvant nous garde son voile au front.


L’amour de Pascal finit par renoncer à soi-même,


Se croyant un péché, lui qui n’était qu’un rêve ?


On peut regretter de trouver, dans bien des pièces de’ ce