médiatement la nature par des moyens surnaturels comme
elle, l’autre ne modifie d’abord que nous-mêmes ; c’est une
force qui ne nous est pas supérieure, mais intérieure : c’est
nous qu’elle porte en avant. Reste à savoir si nous allons
seuls, si le monde nous suit, si la pensée pourra jamais
entraîner la nature ; — avançons toujours. Nous sommes
comme sur le Léviathan dont une vague avait arraché le
gouvernail et un coup de vent brisé le mât. Il était perdu
dans l’océan, de même que notre terre dans l’espace. Il
alla ainsi au hasard, poussé par la tempête, comme une
grande épave portant des hommes ; il arriva pourtant.
Peut-être notre terre, peut-être l’humanité arriveront-elles
aussi à un but ignoré qu’elles se seront créé à elles-mêmes.
Nulle main ne nous dirige, nul œil ne voit pour nous ; le
gouvernail est brisé depuis longtemps ou plutôt il n’y en a
jamais eu, il est à faire : c’est une grande tâche, et c’est
notre tâche.
FIN.