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CHAPITRE II

La plus haute intensité de la vie a pour corrélatif nécessaire
sa plus large expansion.


Existence et vie, au point de vue physiologique, implique nutrition, conséquemment appropriation, transformation pour soi des forces de la nature : la vie est une sorte de gravitation sur soi. Mais l’être a toujours besoin d’accumuler un surplus de force, même pour avoir le nécessaire ; l’épargne est la loi même de la nature. Que deviendra ce surplus de force accumulé par tout être sain, cette surabondance que la nature réussit à produire ? — Il pourra se dépenser d’abord par la génération, qui est un simple cas de la nutrition. « La reproduction, dit Hœckel[1], est un excès de nutrition et d’accroissement par suite duquel une portion de l’individu est érigée en tout indépendant. » Dans la cellule élémentaire, la génération prend la forme d’une simple division. Plus tard, une sorte de distribution du travail se fait, et la reproduction devient une fonction spéciale accomplie par les cellules germinales : c’est la sporogonie. Plus tard enfin deux cellules, l’une ovulaire, l’autre spermatique, s’unissent et se fondent ensemble pour former un nouvel individu. Cette conjugaison de deux cellules n’a rien de

  1. Morphologie, II, 16.