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la mort
riant.

Ah ! ah ! regarde donc ! Il a si chaud sous ses flammes qu’il se fond lui-même.

le diable.

Voici les déesses Potniades à qui l’on sacrifiait des cochons de lait !

le cochon.

Horreur !

le diable.

Voilà la Sosipolis d’Élée ! voilà les dieux cathares de Pallantium ! voilà Vulcain patron des forgerons ! voici le bon dieu Mercure avec son pétase pour la pluie et ses bottes de voyage.

la mort
frappant.

Voyage ! voyage !

le diable.

Noire et frottée de myrrhe, voici la grande Diane qui s’avance, les coudes au corps, les mains ouvertes, les pieds joints, avec des lions sur les épaules, des cerfs à son ventre, des abeilles à ses flancs, un collier de chrysanthèmes, un disque de griffons et trois rangs de mamelles qui ballottent à grand bruit. Mais la peau du corps lui démange sous les bandelettes qui la serrent.

la mort
riant.

Ah ! ah ! ah !

le diable.

Voici la Laphria des Patréens, l’Hymnia d’Orchomène, la Pyronienne du mont Crathis, Stymphalia à cuisse d’oiseau, Eurynome fille de l’Océan et toutes les autres Dianes : l’Accoucheuse, la Chasseresse, la Salutaire, la Lucifère et la Patronne des ports, avec une coiffure d’écrevisses.