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saint antoine
ne répond rien, ses prunelles dilatées regardent le Diable fixement, tandis que sa poitrine saccadée d’un hoquet convulsif répète tout bas :

Oui… oui… oui !

la logique
survenue tout à coup.

Eh bien !… puisqu’ils…

Antoine râle d’angoisse.
La Logique reprend :

… puisqu’ils sont passés tous, le tien…

antoine
se relevant d’un bond, saisit un caillou et le lance de toutes ses forces contre la Logique.

Va-t’en, je ne veux pas de toi ! Non ! pas de raisonnement, pas de pensée ; tu es la damnation, laisse-moi tranquille, fuis, fuis, que je ne te revoie plus !

Il tombe à genoux, croise les mains et se met à marmotter très vite :

Miséricorde, mon Dieu ! pardonnez-moi mes péchés ! aimez-moi !

le diable
frappant du pied :

Ils sont tombés, le tien tombera.

montrant la Mort et la Luxure.

Elles seules resteront.

l’orgueil
paraissant.

Et moi ?

le diable.

Oui, toi aussi !

l’avarice.

Et moi donc ?