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la science.

Hély ! Hély ! lamma Sabacthani !!!

la logique.

Pourquoi prier ? si ce que tu implores est une chose juste, Dieu te la doit ; si elle est injuste, tu l’outrages en la demandant.

antoine.

Cependant… la grâce…

l’orgueil
franchissant d’un bond les degrés de la chapelle.

Mais tu l’as, la grâce, tu l’as !

Les Vertus reculent.
antoine.

Comment ! quoi ! les tentations qui sont là !…

L’Orgueil et le Diable échangent des signes rapides.
l’orgueil.

Elles n’y sont plus.

Les Péchés disparaissent aussitôt.

Regarde !

antoine
examinant de tous côtés.

Est-ce possible ?

L’Orgueil s’avance, la Foi étend les bras pour lui barrer le passage ; l’Orgueil, éclatant de rire, ouvre son manteau et lui frappe le visage avec le serpent qu’elle tient caché dans sa poitrine. L’Orgueil entre et les Vertus s’enfuient sans qu’Antoine s’en aperçoive.
Il reste quelque temps tout ébahi à regarder de côté et d’autre, n’aperçoit plus rien et se rassure. Alors il pousse un soupir de satisfaction en s’essuyant le front.
Antoine reste seul, assis par terre, la tête dans ses mains. L’Orgueil est debout derrière lui, les Péchés et le Diable sont cachés, la Logique et la Science se tiennent en dehors, des deux côtés de la porte.