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antoine
réfléchissant.

Sans le secours du Diable, bien sûr, il n’y a pas sur terre de puissance pareille.

apollonius.

Le disciple dit vrai, Antoine, il faut le croire.

antoine.

Oh ! comme sa voix me fait froid dans les cheveux !

apollonius.

Il avait voulu me faire mourir, ce Domitien-là, il avait dressé contre moi la liste de tous les crimes, Damis et Démétrius s’étaient enfuis par mon ordre, et je restais seul dans ma prison, attendant le moment.

damis
à Antoine.

C’était une terrible hardiesse, il faut avouer.

apollonius.

Vers la cinquième heure du jour, on m’amena au tribunal, la clepsydre était pleine, le juge sur son siège, et j’avais ma harangue prête, que je tenais sous mon manteau.

damis.

Nous étions sur le rivage de Pouzzoles, nous vous croyions mort ; nous étions bien tristes et nous songions à nous séparer, car chacun allait s’en retourner chez soi, quand, vers la sixième heure, vous apparûtes au milieu de nous.

antoine
à part.

Comme Jésus !

damis.

Nous tremblions tous, mais vous nous dites : « Touchez-moi, je n’ai pas quitté mon corps, approchez. »