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antoine.

Mais la voilà qui baisse la tête, qui ferme à demi les paupières, qui tord sa taille.

la voix.

Le long de ses jambes sa robe remonte, elle la lève des deux doigts, comme les courtisanes des carrefours.

antoine.

Oh ! il me vient aux entrailles des fantaisies monstrueuses, feux de l’enfer plus terribles que la réalité.

la voix.

C’est la réalité. Oui, approche, essaie !

antoine.

Non. Malheur à qui touche à sa tentation, il y laisse les mains… De par le Seigneur, va-t’en, vision de l’enfer !

À ces mots la vierge disparaît.
antoine.

Ah ! j’en étais sûr ! Le nom du Seigneur le met en fuite… Mais quelle honte pour moi ! quel pécheur suis-je donc ! jamais jusqu’alors je n’avais subi de telles pensées.

la voix.
redevenant faible.

Jamais ?… Cherche !

antoine.

D’où vient cette voix ? qui donc me parle toujours ?

la voix.

Ta conscience !

antoine.

Je le crois presque aux épouvantements qu’elle me procure.