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LA TENTATION
DE
SAINT ANTOINE.[1]

Messieurs les démons,
Laissez-moi donc !
Messieurs les démons,
Laissez-moi donc !

Mai 1848. — Septembre 1849.
G. Flaubert.

I

Sur une montagne. À l’horizon, le désert ; à droite, la cabane de saint Antoine, avec un banc devant sa porte ; à gauche, une petite chapelle de forme ovale. Une lampe est accrochée au-dessus d’une image de la Sainte Vierge ; par terre, devant la cabane, corbeilles en feuilles de palmiers.
Dans une crevasse de la roche, le cochon de l’ermite dort à l’ombre.
Antoine est seul, assis sur le banc, occupé à faire ses paniers ; il lève la tête et regarde vaguement le soleil qui se couche.
antoine.

Assez travaillé comme cela. Prions !

Il se dirige vers la chapelle.

Tout à l’heure ces lianes tranchantes m’ont coupé les mains…


  1. Cette Tentation est celle qui fut lue à Louis Bouilhet et à Maxime Du Camp. Corrigé en vue d’un second remaniement (que publia M. Louis Bertrand), le manuscrit se trouva fort raturé. La reconstitution de sa forme primitive n’a pu avoir lieu qu’en copiant les passages raturés. (Note de Mme Franklin Grout.)