Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bère, attaché par toi avec une chaîne, râlait, en bavant de ses trois gueules.

Tu avais laissé la porte entr’ouverte. D’autres sont venus. Le jour des hommes a pénétré le Tartare !

Il sombre dans les ténèbres.
neptune.

Mon trident ne soulève plus de tempêtes. Les monstres qui faisaient peur sont pourris au fond des eaux.

Amphitrite, dont les pieds blancs couraient sur l’écume, les vertes Néréides qu’on distinguait à l’horizon, les Syrènes écailleuses arrêtant les navires pour conter des histoires, et les vieux Tritons qui soufflaient dans les coquillages, tout est mort ! La gaieté de la mer a disparu !

Je n’y survivrai pas ! Que le vaste Océan me recouvre !

Il s’évanouit dans l’azur.
diane
habillée de noir, et au milieu de ses chiens devenus des loups :

l’indépendance des grands bois m’a grisée, avec la senteur des fauves et l’exhalaison des marécages. Les femmes dont je protégeais les grossesses, mettent au monde des enfants morts. La lune tremble sous l’incantation des sorcières. J’ai des désirs de violence et d’immensité. Je veux boire des poisons, me perdre dans les vapeurs, dans les rêves !…

Et un nuage qui passe l’emporte.