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auges d’or, et tu marcheras sur des diamants ; mais la vie ! n’est-ce pas, Angelo ? Voyons, cherche… c’est que tu avais oublié, et maintenant tu trouves, tu me dis que je vis, que je vivrai longtemps, que ceux qui me parlent de mort et d’éternité sont des insensés, car cela n’existe pas pour moi… Voyons, parle ! Tu ne vois pas que j’embrasserais la trace de tes pas pour un mot d’espérance ?… Ah ! je souffre ! je me meurs !

Angelo

Sire, cette nuit j’ai regardé au ciel.

Loys

Et il y avait ?

Angelo

Le ciel était pur et sans nuage, plus timide que de coutume, mais votre étoile venait de disparaître dans l’ombre.

Angelo sort.
Loys

Lui aussi, il me laisse et il m’abandonne ! Il faut donc mourir comme un autre homme, comme si je n’étais pas un roi… Un jour on doit arriver à ne plus mourir, et pourquoi pas maintenant pendant que je vis ? mais non, car je me sens pire, ma tête tourne comme si on l’arrachait avec les mains ; il me semble entendre la cloche, voir le drap noir aux larmes d’argent, les cierges blancs et la fosse ouverte. Oh !

Le saint homme paraît.

Scène V

Le saint homme de Calabre FRANÇOIS DE PAULE,
LOUIS XI.
Le saint homme

C’est moi, mon fils.